Le marché de la Défense exige de l’excellence, de la rigueur et surtout de l’anticipation.
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Le marché de la défense
Le secteur de la défense est un marché très particulier dans tous les pays, à fortiori dans les pays solidement armés comme la France.
L’industrie de défense représente un enjeu d’indépendance stratégique. En conséquence, les entreprises de défense sont surveillées, protégées des intrusions extérieures. Leur innovation et leurs productions relèvent de la sécurité de défense et leur activité peut être soumise au secret de défense.
La défense est aussi un secteur industriel très innovant. Chaque pays essaie d’obtenir la suprématie de son armée grâce aux progrès technologiques. C’est pourquoi, depuis l’antiquité, les pays ont toujours promu et financé l’innovation pour faire face à la menace ennemie.
Pendant la guerre froide, cette menace était claire et identifiée. Les états finançaient largement cette innovation par un gros effort budgétaire. L’industrie de défense était alors le moteur principal de l’innovation en France.
Depuis 25 ans, la menace était plus diffuse et les états, dont la France, ont largement réduit leur effort d’armement. Dans la même période, l’innovation s’est accélérée dans le monde entier et elle s’est notamment accélérée du fait de la mondialisation qui a permis les échanges, la capitalisation des savoirs, la globalisation de l’innovation à l’échelle mondiale. Les technologies de l’information, de l’énergie, de la robotique, de la communication…ont fait des bonds de géants, tirées et financées par le monde civil. Il s’est ainsi produit un effet ciseau, un découplage entre monde civil et militaire. En Europe, des armées se retrouvent avec des matériels ou des systèmes anciens non renouvelés depuis 15 ou 25 ans.
Ces dernières années, la menace internationale ayant repris une apparence plus claire et comprise aussi bien par les gouvernants que par les citoyens, l’effort budgétaire pour l’industrie de défense est reparti à la hausse dans beaucoup de pays. Cependant, le découplage a eu lieu et l’industrie de défense reste un nain en termes d’innovation dans le monde. Et elle le restera car elle est cloisonnée et la capitalisation de l’innovation y est interdite pour des raisons d’indépendance stratégique. Il en résulte que l’innovation dans l’industrie de défense se repose essentiellement sur les savoirs des laboratoires et des chercheurs du pays concerné. Le coût de l’industrialisation d’une innovation en Europe dans la défense est probablement multiplié par 5 ou 10 en comparaison d’une innovation similaire qui serait appliquée à l’échelle mondiale dans l’industrie civile.
Il n’en demeure pas moins que l’industrie de défense reste très gourmande en termes d’innovation technologique et que les armées aident à l’investissement R&D sur les technologies clés. De plus, l’industrie se doit de contribuer comme elle le peut à l’effort d’indépendance stratégique de notre pays.
A nos yeux, le seul modèle économique soutenable pour l’industrie de défense est une combinaison de soutien à la R&D par la défense et d’exportation sous licence d’exportation pour rentabiliser l’investissement: l’armée n’aura que partiellement financé le développement et l’industrialisation du produit ou de la solution et, surtout, quand l’armée aura été équipée en 5 ans de matériels ayant 20 ans de durée de vie, quelle sera l’activité de la start up, la PME ou l’ETI pendant les 15 années restantes ?
